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Ma première fois avec le diabète

Une envie forte de boire s’est transformée en un laps de temps en une maladie chronique irréversible. Un film insoupçonnable s’est déroulé et en tant qu’acteur principal je me demande encore à ce jour, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

J’ai vu ma vie basculer le 15 Mars 2024. Tout commence par une envie de boire, de boire et encore de boire de l’eau. La gorge et la bouche sèche à l’extrême, à tel point que j’arrivai à boire 10 litres d’eau par jour et parfois plus. Cette sensation de faim qui ne me quittait plus depuis déjà une semaine accompagnée d’une fatigue que je n’arrivais pas à expliquer, ni à comprendre. Mes jambes avaient du mal à me porter et ma vision peu à peu s’en allait. Je passais toutes mes nuits dans les WC à cause de l’urine qui déjà avait changé de couleur, d’odeur et surtout d’aspect bref elle est désormais très mal odorante et plus abondante. Moi qui avais toujours été bien ronde et joufflue commençais à avoir des pommettes saillantes. Je m’interrogeais, que peut-il bien être en train de se passer dans ce corps qui me semble si étranger désormais? Je ne dormais plus et mon esprit se baladait.

Il me fallait trouver un moyen de me rendre à l’hôpital parce que là je pensais déjà à l’hypothèse du diabète ayant une formation de santé publiciste. Le 19 Mars je me souviens être allée aux WC 13 fois. Oui j’avais compté! Ce matin-là je m’étais rendue chez le médecin pour lui faire part de mes inquiétudes. C’est alors qu’il a fait tester ma glycémie qui était de 3,40 ce jour-là. Mon Dieu le sursaut! Là j’avais déjà peur mais on ne pouvait pas encore parler de diabète proprement dit, il fallait un type d’examen pour le confirmer. Voilà comment je m’étais retrouvée avec un bulletin d’examens aussi long que mon bras. A la pesée, la balance affichait 78 Kg pourtant la semaine avant j’étais à 85Kg. Huuummmm !!!! Rien ne va plus ! Rentrant ce jour avec des interrogations, je me suis littéralement jetée sur internet pour m’instruire sur le sujet. A côté de ça je me disais au cas où c’était ça au moins que ce soit celui qui n’était pas auto-immune.

Les résultats sortis, je me suis rendu chez mon médecin. A peine il a jeté un coup d’œil je vis en son regard une inquiétude sanglante, un questionnement qui jusqu’à ce jour trouble mes nuits. Ses premiers mots étaient : Madame je suis surpris de vous voir marché. Mon cœur s’arrêta. D’après lui, je risquais un coma diabétique ou un AVC à chaque minute qui passait vu la quantité de corps cétonique que j’avais déjà fabriqué. Mon esprit priant le très haut de m’épargner le diabète de Type I. Ce 21 mars marquant le début de plusieurs jours d’hospitalisation et d’immunisation contre les seringues.

Les résultats complémentaires étant sortis le 17 Avril, le film se dessinait de plus en plus. A ce jour, je tremble encore lorsque je me rappelle de la phrase qui détermina ma nouvelle condition sanitaire « madame, malheureusement vous avez un diabète de type 1 ». Me versant en larme, je n’arrêtais de me demander si mes prières avaient été mal exécuté, si le tout puissant m’avait oublié ou quel était ma faute pour subir une telle punition de sa part. Cette femme forte que j’avais toujours été devint une fille fragile qui se faisait réconforter par son médecin. Après avoir écouté les conseils et recommandations du médecin, j’ai marché sur des kilomètres pour comprendre ce qui m’arrivait et me rassurer que je ne vivais pas un poisson d’avril en plein milieu du mois. 

Il était 22h45 et malheureusement je n’arrivais pas à dormir et voilà que mon cerveau allait où il ne fallait pas. Allez hop devant la télé que je ne regardais même pas. C’était l’heure des pourquoi, comment et quand ? Zut, je transpirais à grosse goutte, le corps tremblant, vertiges et tachycardie bof encore cette fichue hypoglycémie! Cette fois-là j’avais pu mettre un nom sur ce qui arrivait à mon corps. Oui je suis diabétique, c’est officiel ! Allons manger un truc pour remonter tout ça à défaut de boire un peu d’eau sucrée. Après quelques minutes on pouvait dire que ça allait mieux mais sincèrement ce n’était pas la joie psychologiquement. Chaque jour qui passait était un challenge entre moi et moi-même surtout que tout le monde ne comprenait pas nécessairement comment j’allais. Y’en avait qui se disaient surement que j’exagérais les faits ou que je faisais semblant en comparaison avec d’autres personnes qui en souffrent. Sauf que les corps ne réagissent pas forcément de la même manière et ne pas être comprise par son entourage était gênant voire même blessant au début. Malheureusement je devais vivre avec ça comme ça et je n’y pouvais rien. Personne ne savait comment je me sentais réellement. Entre piqûres, crampes, douleurs, démangeaisons, sueur, vertiges, faim permanente, fatigue et j’en passe, j’essayais de ne pas trop me plaindre. Je me répétais intérieurement ce n’est qu’un diabète, ce n’est pas la mer à boire non plus. Je mange déjà trop je sais et ça m’énerve mais j’y peux rien me disais-je. Résultat, je prenais du poids pourtant il fallait en perdre et le pire était que mon ventre disait qu’il avait faim pourtant le reste de mon corps ne voulait pas du tout manger. Je luttais avec mon cerveau pour qu’il comprenne que je ne puis manger tout le temps. On va dire qu’il n’avait pas encore enregistré.

Le diabète physique je supportais mieux mais celui qui était dans ma tête ne me plaisait vraiment pas du tout. J’ai beaucoup d’objectifs à atteindre et pour ça je dois rester en vie et en « bonne santé » le plus longtemps possible : je dois prendre mieux soin de ma santé si je veux aller mieux me répétais-je en boucle encore et encore. Je devais rester forte peu importe la situation même si j’avoue que ce n’était pas facile surtout quand l’entoure me montrait que c’était moi le problème et que j’en faisais trop pourtant ce n’était rien de sérieux. Je ne pensais pas avoir une telle chose dans ma vie, moi qui déteste être conditionnée. Mais bon ça devait être ça la vie je crois ; un matin ça vous tombe dessus sans prévenir. Et dire que je faisais très attention à ce que je mangeais et buvais! A 31 ans je devais vivre comme ça, ce n’était vraiment pas ce que j’avais souhaité.

Je savais qu’il y’avait des gens pires que moi mais je n’avais pas envie de dire que j’avais de la chance sur ce coup-là. Mais je n’allais pas me lamenter non plus même si parfois je craque et je pleure ça ira, je finirai bien par m’y faire. Sans mentir, les premiers mois ont été très durs pour moi mais heureusement ma famille et surtout mes frères étaient là pour moi. Aujourd’hui je contrôle mieux même-ci parfois j’en pleure. J’ai finalement compris que désormais ça fait partie de ma vie et depuis je me sens beaucoup mieux. La maladie fait partie de la vie, ce n’est pas une fatalité.

M. AMBASSA

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