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Guérit-on d’abus sexuels subis dans l’enfance?

Née dans une famille polygamique, Isabelle est le sixième enfant de son papa et le premier de sa maman. La vie familiale, non seulement remplie de problèmes entre les mères, développe au sein des enfants une concurrence sans fin.

Poids des rivalités familiales

Isabelle ayant 01 an de moins que son frère direct né de la première femme, elle se retrouve dès la classe de 6ème à batailler pour avoir des notes plus grandes que celles de son frère car, selon sa maman, étant son premier enfant, elle doit montrer l’exemple à ses cadets et lui faire honneur en devenant meilleure que son frère consanguin. Avec cette lutte acharnée pour la réussite, les règles de vie pour Isabelle étaient de plus en plus strictes; l’amour, la compréhension et la compassion s’éloignaient de son quotidien. N’ayant pas reçu de sa maman les notions de joie, de bonheur, d’épanouissement, d’harmonie, cette jeune adolescente ne se sentait pas assez proche de cette dernière pour partager avec elle ses préoccupations et par conséquent une distance se créa entre elles.

Début d’un long calvaire/Agressions sexuelles

Agée de 12 ans, Isabelle est en classe de 4ème Espagnol quand son répétiteur de mathématiques ( par ailleurs enseignant de mathématiques) débute avec des attouchements sur elle pendant les cours, lui faisant comprendre qu’elle est particulière à son cœur et dans sa vie. C’est ainsi que commença de longues années de viols sans compréhension par cette dernière. Ne sachant pas qu’elle était une victime des actes posés par ces hommes, l’adolescente croyait qu’il s’agissait d’une chose tout à fait normale pour une femme d’avoir un homme dans sa vie, surtout après les explications reçues de ce répétiteur en qui elle et ses parents avaient une confiance aveugle.

C’est en classe de Terminale qu’Isabelle décida de mettre cette expérience au fond de son cœur et de se concentrer exclusivement sur ses études. Ces histoires qu’elle avait enfouie au plus profond d’elle, commencèrent à remonter en surface comme un feu ardent lorsqu’une personne la poussa à parler d’elle des années plus tard. Malgré de nombreux refus, elle commença à raconter son histoire, ce qui la rendait si particulière et différente des autres. Toute cette honte reprit petit à petit le dessus sur sa vie, le caractère fort qu’elle montrait à tout le monde se transforma très rapidement en une très grande sensibilité et vulnérabilité qu’elle n’avait jamais connue. La jeune fille mentalement forte devint susceptible et fragile aux yeux de tout le monde. Traverser les étapes de la vie devenait de plus en plus difficile pour elle, mais la jeune fille ne comprenait pas pourquoi elle ressentait toute cette douleur en elle qui l’empêchait d’aller de l’avant.

Conséquences des agressions sexuelles à l’enfance

Avant l’âge de 18 ans, Isabelle a connu de nombreuses agressions sexuelles et c’est à l’âge de 24 ans qu’elle comprit que tout ce qu’elle a vécu était mauvais et surtout qu’elle n’était pas coupable. Ayant forgée une carapace autour d’elle et surtout de son cœur, le mépris pour l’homme s’installa à grande vitesse. Etant déjà une femme, il était de plus en plus difficile pour elle de garder une relation sérieuse, de s’offrir et de s’identifier dans une vie de couple. Entre difficultés professionnelles et lutte psychologique pour la compréhension de son vécu et la recherche de solution pour traverser cette étape, cette dernière se retrouva perdue dans son propre monde.

Un enfant victime d’abus sexuel une fois est plus vulnérable et par conséquent peut à nouveau se faire agresser par d’autres personnes et sans comprendre, elle se laissera toujours faire sans se défendre. A l’Université, Isabelle devint très solitaire, associable, avait des difficultés à se créer des amitiés, à comprendre les autres. Dès la Licence 3 et grâce à son choix de formation, elle commença à s’ouvrir et devint plus à l’écouter des autres.

Le questionnement

Essayer de savoir qui elle est ? Une inquiétude qui savourait la majeure partie de son temps: Est-ce de ma faute si j’ai subi tout ça ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait de mal pour mériter une telle enfance ? Est-ce que le comportement que j’ai adoptée tout le long était le bon ? Est-ce que raconter tout ceci à ma famille m’aurait aidé à mieux me développer socialement ? Est-ce que j’aurais pu éviter toute cette souffrance ? Suis-je la seule à avoir vécue ces histoires ? Comment faire pour m’en sortir et m’épanouir profondément ? Est-ce que je mérite le bonheur ? Est-ce que les autres comprennent ma souffrance et peuvent m’aider à m’en sortir ? Comment dois-je me définir au sein de la société ?

Processus de guérison

Dire qu’on guérit de ses traumatismes c’est faux. L’acceptation est le début du processus de guérison. On peut quitter de 100% de douleur à moins de 50% si nous nous rapprochons des personnes qui nous écoutent, nous comprennent et nous aident à surmonter nos craintes. Chacun a sa façon de vivre une situation et de traverser ses souffrances. Et il est important d’apprécier tous les moments et l’attention qu’une personne nous accorde pour sortir de là et surtout ne pas baisser les bras et avancer dans la vie. Si vous avez la possibilité, prenez un psychologue qui pourra vous accompagner dans cette étape et surtout donnez autant d’amour que possible autour de vous car l’amour reste le meilleur remède et miracle pour notre cœur.

N’oubliez pas d’accepter votre vie, vos souffrances, vos douleurs, vos chutes, votre fragilité, votre sensibilité et de trouver la force intérieure pour pardonner à ces personnes qui vous ont fait du mal. Se demander si l’on devrait perdre son temps à repasser ces mauvais souvenirs ou à progresser en devenant une meilleure version de soi. Ces épreuves ne doivent pas définir notre avenir mais nous propulser au-dessus de tous nos rêves.

Chers parents accordez une attention particulière à tous vos enfants et surtout prenez la peine de les éduquer sur certains comportements inadéquats en créant le plus profondément possible des liens solides de confiance entre vous et vos enfants. Qu’ils trouvent en vous un refuge et une oreille attentive.

Il est également possible pour les victimes de se rapprocher des autorités compétentes et organisations qui défendent les personnes victimes d’abus afin de se protéger, de protéger de potentielles victimes et ainsi mettre fin à ces sévices sexuels.

Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne citoyenne organisée par l’ABC (Association des Blogueurs du Cameroun), avec pour thème : féminicides, agressions sexuelles et violences conjugales.

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