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La femme, socle de la famille

Tout était rose

Née à l’Ouest Cameroun en 1973, ainée d’une famille de 06 enfants, j’étais une jeune fille très intelligente, vaillante et très dynamique. Je vivais dans une famille très modeste avec mes deux parents et mes cinq frères, dont j’étais l’aînée. Après avoir obtenue mon Baccalauréat à l’âge de 15 ans, avec une bonne moyenne, je suis quittée de mon village natal pour aller vivre chez un oncle paternel dans la ville de Yaoundé, afin de continuer mes études en première année licence.

Le début des difficultés

Etant l’enfant étranger de la maison, j’étais chargée de la grande partie des travaux ménagers et champêtre au point de perdre la main sur mes études et voir mon niveau académique baisser. L’année suivante, j’ai perdu mon papa et par conséquent, j’ai perdu la source de revenus pour la continuité de mes études. Devenue une charge pour mon oncle et sa famille, j’ai été chassée de leur maison et obligée de devenir autonome à l’âge de 17 ans en deuxième année d’université.

Mon amie Francine que j’ai connue à l’université a proposé de m’héberger et j’ai débuté un commerce de vente ambulante de tomates au marché Mokolo ; ce qui me permettait de joindre les deux bouts et de contribuer au loyer. Un jour, pendant l’une de mes nombreuses sorties matinales à la recherche de vivres frais, j’ai été violée et je suis tombée enceinte d’une petite fille. Ce qui était un grand poids pour moi et ma famille ; ma maman qui malgré les difficultés m’a soutenu et encouragé à garder cet enfant soi-disant : « on ne sait jamais de quoi demain sera fait, on ne sait pas quelle bénédiction se cache derrière cette grossesse ». Bien qu’épaulé moralement par ma maman, les débuts étaient difficiles et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ce malheur tombait sur ma tête. A la naissance de ma fille, je lui donnai le nom de mon tendre papa afin qu’il puisse revivre en elle ; une nouvelle vie commença pour moi et de grandes responsabilités m’attendaient.

La période très difficile

On diagnostiqua une grave maladie à ma mère quelques mois après mon accouchement ; le ciel s’assombri de nouveau pour nous, un nouveau combat commença avec une intensité plus forte au fil des jours. Ma mère succomba 02 ans après. La vie devenait de plus en plus difficile, j’avais la charge de mes 05 frères, de ma fille et aucun soutien. Mon oncle paternel qui au paravent après le décès de mon père ne nous soutenait plus, me proposa donc de me marier à un de ses amis riche si je voulais qu’il s’occupe de l’éducation de mes frères. Refusant leur proposition, j’ai dû rentrer dans mon village natal pour faire des champs et le commerce afin de travailler avec hardiesse pour m’occuper de ma famille.

Nous menions une vie très pauvre remplie d’énormes sacrifices tous les jours mais dans un soutien immense et une compréhension hors du commun. En 1999, mon frère était gravement tombé malade et nous manquions progressivement de quoi payer les frais d’hospitalisation. De retour à notre domicile par manque de moyens, j’ai commencé à traiter mon frère à l’indigène avec les plantes qu’utilisaient souvent ma grand-mère quand nous étions plus jeunes. Après trois mois d’intense souffrance, il retrouva sa santé et la quiétude repris place au sein de notre foyer.

La lumière après l’obscurité

Après toutes ces années de sacrifice, mes frères ont pu avoir un bon niveau d’études et obtenir chacun un poste très honorable. Ils ont chacun construit une famille dans l’harmonie. Après ces périodes de difficultés et de précarités, nous avons mis sur pied une association qui prend en charge les personnes démunies et défavorisées de notre pays. Nous venons en aide à toutes ces familles qui se retrouvent abandonnées à eux même et nous luttons ensemble tous les jours afin de mieux guider leurs pas et leur donner une vie stable et épanouie.

Ma fille quant à elle, la lumière de ma vie, ma bénédiction éternelle, cette femme forte, ambitieuse, dynamique et courageuse, me rend fière tous les jours de ma vie, par son évolution académique et son travail social.

Une femme fière du travail accompli

Je me suis retrouvée à l’âge de 49 ans toute seule mais heureuse d’avoir fait de ces six personnes des êtres humains dignes, responsables et soucieux de l’avenir de leur prochain. Aujourd’hui ces années de souffrances et de misères sont des souvenirs qui nous redonnent force et courage pour affronter les obstacles de notre quotidien.

La femme est celle qui est capable de se battre pour la réussite de ses proches, celle qui supporte les douleurs, les blessures pour aider sa famille à réussir. Être mère n’est pas uniquement réservé à celles qui ont enfanté mais le plus souvent à celles qui ont pu transformer des jeunes en adultes humbles, respectueux, travailleurs, patients et dynamiques.

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