Prématurité: Une attention particulière pour nos bébés
Les organes d’un enfant né prématuré ne sont pas tous prêts à faire face à la vie extra-utérine. Au vu des progrès médicaux accomplis afin de pallier en partie à ces immaturités et d’en réduire les conséquences, les enfants nés prématurés au sein des formations sanitaires adéquates pourront bénéficiés d’un suivi efficace. Le bien-être de ces enfants reste une priorité pour les chercheurs du domaine de la santé. Un enfant est considéré comme prématuré s’il naît avant 08 mois et demi de grossesse soit 37 semaines d’aménorrhées (SA).
A cause de la fragilité des enfants nés trop tôt, la prématurité reste une grande source d’inquiétude au vu du risque de décès plus élevé chez ces derniers. Environ deux tiers des décès de nourrissons sont enregistrés chez les enfants nés prématurément ou avec un faible poids de naissances. L’âge gestationnel représentant un facteur décisif dans le taux de décès, il est responsable de la variation de ce dernier ; on estime entre 60 et 70% pour les très grands prématurés mais cependant, il est inférieur à 1% pour les enfants nés à 35-36 SA. Cependant, l’amélioration de la prise en charge générale et la bonne planification des soins dispensés aux enfants a permis de réduire considérablement la fréquence et la sévérité des conséquences de la prématurité sur leur croissance ultérieure. De ce fait, il est indispensable de rendre adéquat l’environnement dans lequel ils évolueront, d’assurer un accompagnement éducatif et social déterminant pour le bon déroulement de leur développement neuropsychologique.
En 2020, on estime à 13,4 millions le nombre de nourrissons nés prématurément et le taux de naissances prématurées allait de 4 % à 16 % selon les pays. À l’origine de près de 900 000 décès en 2019, les complications de la prématurité sont la cause principale de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Nous notons que, plus de 90 % des très grands prématurés (moins de 28 semaines) nés dans des pays en développement (revenu faible) décèdent au cours des premiers jours de leur vie, contre moins de 10 % dans les pays à revenu élevé. Bien qu’étant un problème de santé mondial, la majorité des naissances prématurées sont enregistrées en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
Catégories de naissances prématurées
En fonction de l’âge gestationnel, la classification des naissances prématurées se fait en sous-catégories :
- Très grande prématurité : moins de 28 semaines ;
- Grande prématurité : entre la 28e et la 32e semaine ;
- Prématurité moyenne, voire tardive : entre la 32e et la 37e semaine.
Un grand nombre de ceux qui survivent sont confrontés à un handicap à vie, y compris des troubles de l’apprentissage ainsi que des problèmes de vue ou d’audition.
Trois « âges » sont définis pour un prématuré :
- Age gestationnel : le terme de la grossesse au moment de sa naissance (en semaines d’aménorrhée). Il est immuable pour un même individu ;
- Age réel : délai écoulé depuis sa naissance (en jours, semaines ou mois) ;
- Age corrigé (ou âge post menstruel) : l’âge que l’enfant devrait avoir s’il était né à terme. Il sert de repère pour le développement de l’enfant au cours de la phase initiale.
Causes
Globalement, environ 70 % des naissances prématurées sont spontanées. Elles sont dues à des contractions précoces dont la cause est rarement identifiée, ou encore à la rupture prématurée des membranes fœtales (étant parfois d’origine infectieuse). Mais d’autres naissances prématurées sont provoquées et ont le plus souvent lieu par césarienne. De ce fait, il s’agit d’une décision médicale : une naissance prématurée peut être décidée en raison d’un risque majeur pour la santé du fœtus ou de la mère en cours de la grossesse. Ce risque peut être lié à un retard de croissance grave du fœtus, une hypertension artérielle sévère chez la mère, ou une hémorragie maternelle dont l’origine n’est pas toujours expliquée.
- L’hypertension artérielle et ses complications ;
- Les hémorragies ;
- La rupture prématurée des membranes ;
- Le travail prématuré spontané ;
- Grossesses multiples ;
- Le retard de croissance intra utérin.
Complications
- Prééclampsie : l’hypertension artérielle est associée à la présence de protéines dans les urines témoignant d’anomalies au niveau du rein ;
- Eclampsie : complication rare mais grave de l’HTA se manifestant par des convulsions qui témoignent d’une souffrance cérébrale ;
- Hellp syndrom : constitue aussi une complication grave de l’HTA pendant la grossesse et se manifeste par des troubles hépatiques, une destruction des globules rouges et des plaquettes sanguines ;
- Hématome rétro-placentaire : décollement prématuré du placenta accompagné d’un hématome. Chez des femmes n’ayant a priori aucune maladie hypertensive.
- Immaturité des organes ;
- Processus de croissance et de maturation des organes, en particulier du cerveau, des poumons et du système digestif, se poursuivent dans des conditions moins optimales que dans l’utérus de la mère ;
- Difficultés respiratoires ou digestives, des saignements au niveau du cerveau ou des infections ;
- Dysplasie chronique bronchopulmonaire ;
- Séquelles neurologiques ;
- Risque plus élevé d’anxiété et de dépression, d’anomalies neurologiques et du comportement, de limitations fonctionnelles cardio-pulmonaires, d’hypertension systémique et de syndrome métabolique par rapport à leurs homologues nés à terme à l’âge adulte.
Méthode kangourou
- Garder le nouveau-né au chaud pour prévenir ou traiter une hypothermie ;
- Aider à la mise en route et au maintien de l’allaitement ;
- Favoriser le lien mère-enfant et réduire le stress du nouveau-né ;
- Réduire les épisodes d’apnée et bradycardie chez les prématurés.
Thermorégulation
- Couvrir la tête du nouveau-né pour diminuer les déperditions de chaleur ;
- Veiller à ce que la température de la pièce soit entre 23 et 25 °C ;
- Utiliser la méthode kangourou.
Surveillance
Même surveillance que pour un nouveau-né > 2500 g, et en plus :
- Pesée quotidienne ;
- Température toutes les 4 heures ;
- Glycémie avant chaque repas ou toutes les 3 heures jusqu’à l’obtention de 3 résultats consécutifs normaux.
Les lignes directrices de l’OMS sur les soins prénatals incluent des interventions essentielles pour éviter les naissances prématurées, par exemple des conseils sur une alimentation saine, une nutrition optimale, le tabagisme et l’usage de substances psychoactives ; la biométrie fœtale à l’aide d’une échographie précoce pour déterminer l’âge gestationnel et détecter les grossesses multiples ; et au minimum huit contacts avec des professionnels de santé tout au long de la grossesse et dès avant 12 semaines, pour repérer et prendre en charge d’autres facteurs de risque, tels que les infections.