Violences Basées sur le Genre : recrudescence des cas
Introduction, Violences basées sur le genre
Les victimes de violences basées sur le genre souffrent d’atteinte à l’autonomie, l’amour de soi, l’épanouissement, et la santé. L’Organisation des Nations Unies pour les Femmes définit la Violence Basée sur le Genre (VBG) ou Violence Sexiste, comme un ensemble d’actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Les violences basées sur le genre sont fortement attribuées au développement des inégalités entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes des différentes sociétés.
Les femmes et les jeunes filles de notre communauté sont généralement les plus grandes victimes de plusieurs formes de violences. Mais, certains hommes et garçons sont également victimes de violences. Selon le EnGenderHealth, les violences basées sur le genre ont également un effet social et économique très dévastateur sur l’individu. Ces violences constituent un problème de santé publique et on obstacle à l’abolition des inégalités entre les genres. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus d’un quart des femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont déjà eu des relations de couple ont subi des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. Pas moins de 38 % de l’ensemble des meurtres de femmes dans le monde, sont perpétrés par leur partenaire.
Quelques statistiques
Statistiques des violences basées sur le genre au Cameroun. D’après l’EDSC-V 2018, 13% de femmes ont été victimes de violences sexuelles à un moment quelconque de leur vie. De plus, 5% au cours des 12 derniers mois. En 2018, 39% de femmes âgées de 15-49 ans déclarent avoir subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans.
Bien que réduit entre 2004 et 2011, le nombre de femmes qui subissent des violences de genre reste encore très élevé et continue de croitre au Cameroun. Au 07 Décembre 2023, 63 cas de féminicide sont notifiés. Entre mi-Octobre et le 19 Novembre, pas moins de 05 cas de femmes battues par leurs conjoints sont publiés. Cette violence est soulevée le 19 Novembre 2023, suite au décès de l’enseignante du Lycée de Nylon, survenu dans la ville de Douala après les coups reçus de son époux ; l’évènement ayant été relayé sur les réseaux sociaux sur la page N’zui manto yi sep sep. Cet acte n’étant qu’un parmi un grand nombre de violences basées sur le genre, faites aux femmes, il est l’un des cas les plus atroces vécus sur les réseaux sociaux.
Corps, Violences basées sur le genre
Pour l’ONU Femmes, le féminicide est un assassinat ou un meurtre d’une femme simplement parce qu’elle est une femme. Mais peut aussi être pris comme toute mort donnée à une femme ou une fille. L’acte de féminicide est considéré comme un crime exécuté dans des circonstances spécifiques. De plus, il est courant qu’un tel acte soit commis par un partenaire de vie ou des ex-partenaires. Il ne se limite plus aux menaces ou agissements intimidants, violences sexuelles ou physiques ou psychologiques ou émotionnelles et finissent par mettre fin à la vie de leur conjointe ou ex-conjointe.
En fonction des communautés, les victimes d’abus ont d’énormes difficultés à faire face à leurs bourreaux ou à les dénoncer aux autorités compétentes pour une meilleure prise en charge. Ces femmes sont contraintes de supporter des partenaires violents pour toutes formes de raison. Peu importe la qualité des échanges ou pensées développées sous la toile. Pour un acte publié, nous oublions qu’une multitude de femmes ou filles traversent ce style de situation mais ont des vécus différents. Par conséquent, les messages transmis selon une situation peuvent augmenter le mauvais comportement des agresseurs et renfermer les victimes dans leurs souffrances.
Victime responsable de son malheur
Selon une partie des internautes, la victime décédée est responsable de son malheur. Comme prétexte, elle n’a pas transmis à son époux l’information sur son déplacement de l’hôpital vers un lieu inconnu. Ces derniers remettent en question le niveau de communication au sein de leur couple. De plus, les commentaires pour le cas de la femme rouée de coup à Douala, Bonabéri, montrent que, la majeure partie des femmes abusées ne dénoncent pas leurs conjoints. Toutefois, sous prétexte qu’il changera et que le seigneur le fera changer elles se confortent dans cette vie et assume « chez eux on ne quitte pas le mariage pour la violence ».
De plus, certains messages encouragent des femmes victimes de violences conjugales à continuer de vivre dans un foyer violent. Ceci à cause des « on dit » de la population et d’une définition folle du mariage. comme une fin en soi pour toutes les femmes au lieu de se protéger.
Les internautes dans la lutte contre les violences basées sur le genre
Les victimes de violences peuvent trouver du soutien auprès des internautes. Ces derniers souhaitent même organiser des journées dédiées à ces crimes. Les internautes trouvent désolant qu’un homme censé veille sur une femme mette main sur elle. Des hommes violents méritent la prison ferme. Pour eux la femme est la mère de l’humanité.
Dans certains commentaires lors de la publication le 22 Novembre 2023 du décès de YANGWO Diane de suite de maltraitance par son mari, certains internautes vivant la même situation ont partagé des témoignages sur le vécu au sein de leurs foyers. Plusieurs messages choquant sur la volonté des victimes à vouloir vivre dans un foyer non sécurisé à cause de l’amour pour les enfants, les biens acquis au cours de la relation avec son bourreau, l’espoir d’un quelconque changement du partenaire ou le titre du conjoint.
La responsabilité des victimes
Le cas de la femme de 25 ans tabassée par son époux au quartier Nkoabang, Yaoundé. Bien qu’ayant fuis son domicile, elle est rejoint par son époux chez un proche où il a réussi à briser ses cotes. Pour certains internautes, les femmes aiment les « bad boys », elles sont responsables des maltraitances qu’elles subissent. Et pour eux, elles méritent ce qui leur arrive et parfois « pire » que des bastonnades. Selon les commentaires répertoriés des différentes publications sur le féminicide, les femmes sont la principale cause des violences basées sur le genre dont elles sont victimes au sein de la société.
Les femmes doivent quitter des foyers toxiques. Toutefois, elles ne doivent pas se soucier du « qu’en dira-t-on », fuir pour elles et leurs enfants. Bien que 23% des victimes de violences recherchent une aide auprès des voisins et 24% chez des amis, ces dernières ne reçoivent pas assez de soutien. Pour la plupart des internautes, les familles doivent prendre sur elles de venger les torts reçus par leur fille. De plus, 68% des femmes battues selon l’enquête de 2018, font recours à leur propre famille après le drame.
Rôle des responsables gouvernementaux
Pour les internautes, les députés, parlementaires et politiciens doivent voter des lois pour la protection des femmes victimes de violences. Ils doivent s’assurer du respect de ces dernières. Le mode de gestion des violences conjugales par les forces de l’ordre est remis en question par les internautes. Pour les internautes, les victimes ne reçoivent pas la justice à laquelle elles ont droit. Ce qui influe sur la décision des victimes de faire recours aux forces de polices en cas de violence. On le voit également dans le rapport d’enquête de l’Institut National des Statistiques en 2018 (seulement 3% des victimes). L’exemple d’une femme battue depuis plus de 10 ans par son époux M MEUDJIN Julio se présente sur les réseaux sociaux.
Le manque de soutien des belles-familles envers les victimes soulevé par un bon nombre d’internautes. Selon les commentaires d’un autre acte de féminicide, tout repose sur l’éducation reçue par les garçons dès leur bas âge. Les parents doivent donner à leurs enfants des valeurs sur le respect et la protection de la vie des femmes. Par contre, après l’enquête démographique de l’INS en 2018, 28% des femmes victimes de violences conjugales font recours à la famille de leur conjoint pour un soutien.
Education et niveau d’instruction des agresseurs
L’éducation et le niveau d’instruction des agresseurs est remis en question. Car, bien connu par certains internautes et connaissant les lieux de services, il est difficile pour eux de croire que des hommes pareils puissent être responsables d’un acte aussi atroce. En outre, le cas de l’épouse du Chef de Département d’Anthropologie à l’Université de Yaoundé 1. Le Professeur de l’Université de Yaoundé I, roue de coups depuis plusieurs années sa femme. Ce dernier contribue à sa diminution physique au niveau de l’oreille et des yeux. Malgré toutes les plaintes déposées par son épouse, ledit Professeur par son statut bafoue l’autorité des agents de police en refusant le 28 Novembre 2023, de répondre à la plainte. A se demander si avoir un niveau d’éducation supérieur ne devrait pas donner place à un meilleur comportement. Ces personnes doivent s’impliquer dans la lutte acharnée contre les violences conjugales.
Plusieurs internautes à la suite de ces nombreuses publications sur les violences faites aux femmes proposent au propriétaire du compte Facebook N’zui manto yi sep sep de créer une journée dédiée aux violences faites aux femmes et jeunes filles. La majeure partie des hommes et femmes qui commentent les publications de violence ont montré un désaccord face aux atrocités.
Conclusion
Les violences basées sur le genre sont de plus en plus récurrentes au sein de nos communautés. De plus, les femmes sont les premières victimes d’abus. Tout d’abord, il est important de comprendre qu’un monde de paix se construit avec plus de compassion, d’amour et sans violence. Ensuite, les personnes victimes d’agression qu’elle soit physique, psychologique et émotionnelle doivent puiser en elle la force de sortir de ce schéma. En somme, les internautes devraient plus soutenir les victimes et leurs familles sans toutefois juger les choix des victimes. Par ailleurs, la lutte contre les violences conjugales est promu sur toutes les plateformes digitales. Ainsi, les victimes doivent trouver réconfort et soutien chez les internautes après dénonciation.
Recommandations pour mettre fin aux violences basées sur le genre
- Une plateforme digitale disponible pour les victimes de violences.
- Les internautes devraient diffuser des messages de soutien auprès des victimes et soutenir les autorités judiciaires dans l’arrestation des agresseurs.
- Les femmes devraient avoir une communauté d’échange en ligne.
- Elles peuvent s’éduquer sur le mariage, les responsabilités, l’amour pour soi et apprendre à dire « NON » aux abus.
- La promotion de la paix et du partage devrait faire l’occasion de campagnes digitales.
- Informer les hommes de leurs obligations à respecter les femmes.
- L’éducation au respect d’autrui au sein des familles.
- La réintégration des cours d’éducation civique et familiale.
- L’amélioration des textes de lois sur la protection de la femme et des enfants.
- La promotion d’un cadrage juridique et répressif contre toutes formes de violences en ligne ou hors ligne.
Rédigé dans le cadre de la Formation d’Africa Fact Checking Fellowship